John Surman ▸ presse
Ce type là est un musicien monstrueux. Un géant du jazz. Il constitue même, physiquement, l'illustration parfaite du Saxophone Colossus jadis popularisé par son confrère de Brooklyn, Sonny Rollins. Mais, sans parler de sa modestie et de sa gentillesse désarmante, il souffre d'un terrible handicap : celui d'être né grand-breton. Alors que John Douglas Surman, natif de Tavistock, dans le Devon, s'il était originaire de n'importe quelle station surf-balnéaire de la Côte Ouest des Etats-Unis, serait aujourd'hui le sessionman le plus courtisé des studios hollywoodiens. Serge Loupien
Il n'est question que de musique, sauvage, émouvante, fraîche de bout en bout, vierge, au delà des références et des histoires fortes de chacun, car ces musiciens sont des maîtres.
Sylvain Siclier
En équilibre entre figures libres et mouvements codifiés,
John Surman poursuit l'expérience entamée en 2000 avec le
bouleversant Coruscating. Dans The Spaces in
Between, l'anglais fait courir le souffle chaud de son
saxophone et de sa clarinette sur des drapés de cordes dont
les motifs harmoniques sont autant de vertiges pour
l'oreille. Richard Robert
Mes mots pourront-ils dire ce que suggère la magie de
l'univers sonore de John Surman, toute la poésie de la
rencontre du saxophoniste et clarinettiste avec le
tellurique Chris Laurence et l'admirable Quatuor
Trans4mation, sans altérer son dessein ? Restons humbles.
Nous voilà en face d'une œuvre qui va bien au delà de
l'idiome "jazz". Si certaines pièces de The Spaces in
Between sont empreintes d'un folklore imaginaire
britannique (Wayfarers all) où le soprano de
Surman dialogue avec le quatuor à la manière d'un
concertino, on distingue globalement dans l'écriture pour
cordes une certaine empathie tant du point de vue rythmique
qu'harmonique pour la musique de Ravel dans son Quatuor
en Fa Majeur. Superbement enregistrée dans
l'acoustique du monastère Saint Gerold en Autriche, l'œuvre
de Surman est aérienne, lyrique. Si pour Vladimir
Jankélévitch la musique est l'ineffable et qu'elle s'écoute
à certaines heures, alors John Surman hantera comme le jazz
la nuit lunaire. Somptueux. Christophe
Huber
On retrouve là les sublimes échappées mélodiques de Surman, faites d'élans retenus et repris, de circonvolutions obsessionnelles et furtives qui occupent le champ sonore, à la façon de brumes qui découvrent peu à peu le paysage qu'elles masquent tout en lui conférant une grandeur surnaturelle. A la fois lumineux comme l'indique son titre, et mystérieux, Coruscating rappelle que John Surman est un des plus grands musiciens de son temps. Il serait temps que cela se sache. Laurent Dandrieu
L'alliage des cordes - auxquelles Chris Laurence se mêle ou dont il se démarque par un vigoureux pizzicato, jouant ainsi un rôle central et essentiel - et des cuivres et bois du leader est une splendeur de densité sereine ou de vivace apesanteur. Surman s'affirme ici plus que jamais comme un musicien hors pair et hors catégories, aussi bien en tant qu'improvisateur que comme compositeur. Thierry Quenum
Le résultat est pratiquement sans cesse bouleversant, Surman et le Quatuor Trans4mation bâtissant ensemble un univers d'une poésie et d'une expressivité vibrantes, qui ne peut laisser indifférents que ceux qui croient qu'il est encore permis de demander ses papiers à un musicien. Ce disque est un trésor. Jean-Pierre Jackson
John Surman fait résonner son jazz sacré dans la cathédrale de Coutances : à partir d'éléments du jazz, de fragments familiers d'hymnes de musique sacrée, de cycles répétitifs, les instruments (chœur, saxophone, orgue), se questionnent, se répondent, et parviennent à se lier naturellement. Le spectaculaire n'est pas de mise, le recueillement appliqué non plus. C'est de la grande musique, sans nom, qu'il faut laisser venir dans toute sa beauté. Sylvain Siclier
L'orgue de la cathédrale de Salisbury, tenu par John Taylor, un chœur mixte de soixante quinze voix, les saxophones et la clarinettes basse de Surman. Les deux premiers éléments ont cette particularité d'être traités comme des sons lisses : hyperconsonances, voix droites, nombreux unissons, foi confiante et tranquille, clarté des églises sans vitraux. Tout cela se croise avec les anches de Surman, toutes de dynamiques imprévues, toutes gonflées d'un son torturé, rapeux, inquiet, qui se déroule et se cabre devant la sérénité lumineuse des deux autres. L'œuvre est parfaitement maîtrisée, et fait ressurgir derrière la longue expérience du free jazz de son auteur, son passé dans les chœurs d'églises du sud-ouest de l'Angleterre. C'est la vraie patrie d'un Falstaff ambigu, bretteur léger et croyant fervent, aux fausses allures truculentes. Yvan Amar
John Taylor est un véritable gentleman du piano. Confortablement installé entre une perfection classique proche de Bill Evans et les paysages sonores d'un Garbarek, c'est un musicien organique qui regarde le monde comme une suite de sensations et d'images : un beau tissu, une mosaïque musicale en quelque sorte, finement taillée et toujours superbement jouée. De fines broderies rythmiques, idéales pour accompagner les saxophones lunaires de John Surman. Un duo au sommet pour créer un climat de rêverie mélancolique et de méditation, une musique polyglotte qui swingue discrètement, qui voyage entre l'hémisphère nord de notre vieille Europe et la note bleue, entre le bop éternel et le jazz visionnaire. Velibor Colic
Solides racines, écoute attentive de l'autre, ouverture à l'inconnu : ces musiciens oiseaux laissent le nid rassurant de leur érudition pour s'envoler à l'aventure. Ils impriment à leurs circonvolutions complexes un saisissant lyrisme, que celui-ci réside dans la primauté mélodique (Surman), l'abstraction explorant les ressources de la batterie (Humair), ou l'abyssale profondeur du son (Celea). Fara C
Ces trois là se connaissent par coeur. Jeux croisés et décroisés, questions-réponses à la fois précises et fuyantes, unissons pudiques rompus par de courtes traversées en solitaire, mais où l'autre n'est jamais perdu de vue. D'explorations contemporaines minimalistes en jazz débridé, le trio démontre une précision absolue. Sans perdre de vue la claire et rare beauté de la ligne mélodique. Une superbe envolée musicale.