Celea/Couturier/Humair "Tryptic" biographies




Jean-Paul CELEA contrebasse

Jean-Paul Celea est né le 6 janvier 1951 à Philippeville en Algérie.

Il débute à l'âge de 6 ans l'étude du violon classique, qu'il abandonnera à 17 ans au profit de la contrebasse. Après des études au Conservatoire de Strasbourg dans la classe de Léon Vienne, puis au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans la classe de Gaston Logerot, il intègre en 1973 l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg. En 1976, il est recruté par Pierre Boulez pour faire partie de l'Ensemble Intercontemporain, au sein duquel il travaillera avec Luciano Berio, Karlheinz Stockhausen et Vinko Globokar. Il est à la même époque membre de l'Ensemble Musique Vivante dirigé par Diego Masson, et participe activement à l'Ensemble Accroche Note de 1990 à 1996. Dédicataire de pièces de contrebasse solo de Pascal Dusapin, Marc Monnet, James Dillon, Michel Redolfi, il est également soliste du répertoire classique.

Au début des années 80, il décide de se consacrer au jazz et aux musiques improvisées. C'est le temps des rencontres avec Jean-François Jenny-Clark, Jacques Thollot, Michel Portal, François Jeanneau, Daniel Humair, François Couturier. Avec ce dernier débute alors une longue collaboration multiforme : un duo qui fait référence, une expérience fondatrice partagée de 1981 à 1983 au sein du quintet de John McLaughlin Translators, plusieurs trios (dont le dernier en date, Tryptic, avec Daniel Humair) ; et le quintet Passaggio avec Françoise Kubler, Armand Angster et le batteur autrichien Wolfgang Reisinger, également souvent associé à ses projets depuis leur rencontre en 1984 au sein du Vienna Art Orchestra. Suivent de nombreuses collaborations avec Michel Portal, Dominique Pifarély, Daniel Humair, Joachim Kühn, Steve Lacy, Eric Watson, John Surman, Bobo Stenson, John Scofield.

Année de la rencontre majeure avec Dave Liebman, 1996 marque les débuts de l'emblématique Trio Celea/Liebman/Reisinger, aussi appelé World View Trio. Salué comme l'un des projets les plus convaincants du saxophoniste depuis Quest, le trio perdure encore aujourd'hui, et tous ses albums ont été abondamment primés.

En 2011, Jean-Paul Celea initie un nouveau trio avec Émile Parisien et Wolfgang Reisinger dont le premier CD Yes Ornette ! paru en octobre 2012, reçoit un accueil unanime de la critique et du public.

Musique classique, musique contemporaine, jazz, la pratique conjointe de ces différents langages continue de nourrir son parcours atypique. Egalement très investi dans le domaine de la pédagogie et de la transmission, il enseigne la contrebasse classique depuis 1992, d'abord au Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon, puis depuis 1998 au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris.

Jean-Paul Celea a reçu en 2003 la médaille de Chevalier des Arts et Lettres, et en 2012 celle d'Officier des Arts et Lettres.


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François COUTURIER piano

François Couturier est né en 1950 à Fleury-les-Aubray, près d’Orléans, et s’est mis au piano dès l’âge de 6 ans. Après des études poussées (Capes de musicologie en 1977), il commence au tournant des années 70 à se lancer dans l’improvisation, influencé alors par les grands pianistes modernes que sont Paul Bley, Chick Corea et Joachim Kühn.

En 1978, il devient membre régulier du groupe de Jacques Thollot, l’une des figures clés du free-jazz français. C’est à cette époque que débute son association avec le contrebassiste Jean-Paul Celea - qui s’avèrera bien vite l’une des plus fécondes du jazz français des années 80. Unis par une très grande complicité, les deux hommes imaginent une musique intimiste et sophistiquée, intégrant à une certaine tradition française les apports de l’improvisation et des rythmes modernes. Leur premier disque sobrement intitulé « Celea-Couturier » paru sur le label JMS connaît un succès est instantané et phénoménal. Invités dans les festivals du monde entier, associant à leur entreprise quelques invités prestigieux (Daniel Humair, François Jeanneau…), Celea et Couturier s’imposent alors comme l’un des duos phares du jazz français.

François Couturier reçoit en 1980 le Prix Django Reinhardt de l’Académie du Jazz, qui couronne cette ascension rapide. Il continue de diversifier ses collaborations, intègre le Pandémonium de François Jeanneau, joue en quartette avec ce même Jeanneau, Celea et une jeune pianiste classique attirée par l’improvisation, Katia Labèque... C’est par son intermédiaire qu’il se retrouve appelé quelques mois plus tard par le guitariste britannique John McLaughlin à participer à sa nouvelle formation (avec Labèque, Celea et Tommy Campbell). En deux années d’activité intensive, alternant tournées mondiales et enregistrements aux productions sophistiquées (« Belo Horizonte », « Music Spoken Here »), Couturier plonge alors résolument dans un jazz rock raffiné, se spécialisant dans l’utilisation des synthétiseurs et autres claviers électroniques.

Au sortir de cette expérience très enrichissante, Couturier et Celea, plus que jamais inséparables, décident de créer un nouveau quintet avec Jeanneau, Philippe Macé et André Ceccarelli (« The Game ») puis l’année suivante le groupe « Black Moon », quartette énergétique et définitivement électrique avec le violoniste Dominique Pifarély et le batteur François Laizeau.

Dans les années qui suivent Couturier est de toutes les aventures du jazz français : poursuivant son association avec Dominique Pifarély, tenant les synthés dans le Multicor Feeling d’Eddy Louiss, intégrant au fil du temps divers orchestres de Didier Levallet (du Swing String System à son big band)… Mais la grande affaire de cette période est la création en 1989 du groupe Passaggio, regroupant outre Celea et Couturier, Armand Angster aux anches, Wolfgang Reisinger à la batterie et la chanteuse Françoise Kübler. Cet ambitieux quintet, en s’engageant dans une musique raffinée et mélodique aux confins du jazz moderne, de la musique contemporaine et d’une sorte de folklore imaginaire, marque une véritable rupture dans l’inspiration du pianiste, renouant avec une dimension plus intime de son univers. Un premier CD en 1989, « Passaggio » puis un second, cinq ans plus tard, « L’Ibère » (tous deux chez Label Bleu) immortaliseront cet orchestre clé dans la carrière de Couturier.

Car dès lors, son univers s’infléchit vers plus de sérénité, encore plus de sophistication et de lyrisme apaisé. Abandonnant progressivement les synthétiseurs pour faire retour au piano acoustique, Couturier crée le groupe Acte IV (avec François Méchali, Jean-Marc Larché et François Laizeau), entame une collaboration avec l’oudiste Anouar Brahem (« Khomsa ») et surtout multiplie les projets avec le violoniste Dominique Pifarély (« Oblique ») qui aboutiront en 1998 à l’enregistrement pour ECM de « Poros », duo raffiné et d’une beauté hiératique. Il multiplie ensuite les rencontres autour de ce duo (avec Michel Godard, Louis Sclavis, François Corneloup ou encore le chanteur Dominique Visse).

Mais l'essentiel de son temps se passe alors dans l'approfondissement de sa collaboration avec Anouar Brahem, laquelle, sous la forme d’un trio étonnant avec l’accordéoniste Jean-Louis Matinier, prend une tout autre dimension : en quête d’une esthétique du temps suspendu et de la note juste, les trois hommes enregistrent deux disques pour ECM (« Le pas du Chat noir » en 2001 puis « Le Voyage de Sahar » en 2006), élaborant un univers contemplatif, méditatif, profondément lyrique, aux confins du silence.

En 2006 paraît le premier album sous son nom pour le label ECM, « Nostalghia, Songs for Tarkovski » - assurément son œuvre la plus personnelle à ce jour. En compagnie du saxophoniste Jean-Marc Larché, de l’accordéoniste Jean-Louis Matinier et de la violoncelliste allemande Anja Lechner, François Couturier y invente une sorte de rêverie éveillée autour du cinéma du grand réalisateur russe Andreï Tarkovski : une musique proprement inclassable, d’une grande sérénité profondément méditative.

A cette œuvre de la maturité viennent aujourd’hui s’ajouter des retrouvailles avec Jean-Paul Celea et Daniel Humair, pour l'album « Tryptic » paru en septembre 2007 chez Bee Jazz, où ces trois solistes majeurs explorent les richesses du répertoire classique (Malher, Beethoven, Britten) et du jazz contemporain, avec le lyrisme et la liberté de forme et de ton qui distinguent les grands trios.

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Daniel HUMAIR batterie

Daniel Humair a eu son premier contact avec le tambour au sein d’une fanfare genevoise à l’âge de 7 ans. Dès 14 ans, il se passionne pour le Jazz New Orleans et fait partie de plusieurs formations d’amateurs, puis découvre rapidement le jazz moderne, et devient musicien professionnel après avoir remporté le premier prix dans trois catégories au Festival amateur de Zürich en 1955.

Il passe ensuite quelques années en Suisse, Belgique, Suède et Allemagne. Autodidacte, il acquiert, au sein de formations diverses, le métier indispensable à l’exercice périlleux de la musique improvisée.

En 1958, il décide de venir tenter sa chance à Paris – capitale du Jazz européen et travaille immédiatement avec des artistes légendaires comme Don Byas, Lucky Thompson, Kenny Dorham, Bud Powell, Oscar Pettiford, Chet Baker ou Eric Dolphy.

En fait, il serait plus facile de citer les musiciens avec lesquels Daniel Humair n’a pas joué, car à l’exception de Miles Davis ou Sonny Rollins, il a côtoyé la plupart des jazzmen des trente dernières années.

En 1959, Daniel Humair débute une longue collaboration avec Martial Solal, joue très souvent avec Pierre Michelot, René Urtreger, Barney Wilen, Michel Hausser et Stéphane Grappelli au fameux Club Saint Germain, et rencontre tous les grands du jazz de passage à Paris.

Dans les années soixante, il forme le Trio HLP avec le violoniste Jean-Luc Ponty et l’organiste Eddy Louiss. Au club Le Caméléon, ils enregistrent deux disques, réédités récemment. Il accompagne les Swingle Singers pendant deux ans, puis participe à la célèbre formation de Phil Woods : l’European Rhythm Machine. Ses activités sur la scène internationale lui permettent d’être nommé “Drummer Deserving Wider Recognition” par le Down Beat International Critics Poll en 1970.

Pendant quelques années, Daniel Humair joue et enregistre avec des musiciens tels que Jim Hall, Lee Konitz, Art Farmer, Joe Henderson, Dexter Gordon, Franco Ambrosetti, George Gruntz, Johnny Griffin, Herbie Mann, Anthony Braxton, Hampton Hawes, etc… avant de former un trio avec François Jeanneau et Henri Texier. Ce groupe est considéré comme l’un des catalyseurs du nouveau Jazz Français.

Tout en continuant sa carrière en free-lance, Daniel Humair forme un trio avec Joachim Kühn et Jean-François Jenny- Clark, au sein duquel il peut développer pleinement sa conception de la batterie moderne et son activité de compositeur. Jusqu’à la disparition du contrebassiste, ce trio restera l’une de ses activités principales, au même titre que ses collaborations avec Michel Portal, Richard Galliano, Jerry Bergonzi ou David Liebman. Il se produit également actuellement avec le Daniel Humair “Baby Boom”, en compagnie de Christophe Monniot, Matthieu Donarier, Sébastien Boisseau et Manu Codjia.

Daniel Humair a eu l’occasion de se produire dans la plupart des grands festivals de jazz tels que Newport, Monterey, Paris, Berlin, Montreux, Chicago, Barcelone, Nice, Antibes, etc.

Parallèlement à sa carrière musicale, il poursuit une intense activité de peintre. De tendance expressionniste abstraite, sa peinture est présentée par plusieurs galeries internationales et peut être vue dans de nombreuses collections publiques ou privées.

Son intérêt pour les rapports entre les arts visuels et la musique lui a permis de participer à l’enregistrement de nombreuses musiques de films ou de télévision en tant que compositeur ou soliste. Il est aussi l’auteur d’une méthode de batterie publiée aux éditions Leduc. Les graphismes utilisés dans cette méthode sont le fruit du travail de Daniel Humair en tant qu’enseignant pendant une dizaine d’annnées.

Certainement l’un des piliers du jazz moderne en Europe, il participe à la scène internationale du Jazz depuis la fin des années 50. Toutes ces années consacrées à la musique improvisée lui ont valu d’être officiellement récompensé par une nomination au grade de Chevalier, puis Officier des Arts et des Lettres, en 1986 et en 1992.

En 1987, il obtient le Grand Prix du Jazz décerné par la Sacem, le Prix Charlie Parker de l’Académie du Disque, et le Prix In Honorem de l’Académie Charles Cros. Elu Musicien Européen de l’année 97 par l’Académie du Jazz. En 2000, il obtient les Victoires de la Musique pour le trio Hum, et de nouveau en 2004, pour l'ensemble de sa carrière.

En 2003, son album « Baby Boom », quintet avec Christophe Monniot, Manu Codjia, Matthieu Donarier et Sébastien Boisseau, reçoit les éloges de la critique. Il initie ensuite un trio avec deux complices de longue date, le contrebassiste Jean-Paul Celea et le pianiste François Couturier, dont l'album "Tryptic" paraît en septembre 2007 chez Bee Jazz.


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