John Surman biographie

saxophones soprano et baryton, clarinette basse, flûte, synthétiseurs.


Soliste, improvisateur et compositeur mondialement reconnu, John Surman est une figure majeure de cette génération de musiciens européens qui a largement contribué à renouveler la conception du répertoire du jazz dans les dernières décennies du XXe siècle.

Il est né à Tavistock dans le Devon le 30 août 1944. Fils de musiciens amateurs, il chante à l’église et fait partie de la chorale de son école. Quand sa voix mue, il achète une clarinette et fait ses débuts dans des groupes de Dixieland. En 1960, son goût pour le saxophone baryton s'affirme au sein groupe formé par Mike Westbrook au Plymouth College of Art. Tous deux s’installent à Londres en 1962. Surman s’inscrit au London College of Music jusqu’en 1965, puis au London University Institute of Education, et commence à se produire avec John McLaughlin, Dave Holland, Chris McGregor, Malcom Griffiths, Ronnie Scott, John Taylor, Mike Gibbs, etc. Dès la fin des années soixante, il s'impose par ses qualités exceptionnelles de polyinstrumentiste au son immédiatement identifiable, doublées d'une créativité exubérante.

En 1969, il forme le désormais légendaire The Trio avec Barre Phillips et Stu Martin, et enregistre l’année suivante pour Futura l'album Alors !!! avec Phillips, Martin, Michel Portal et le percussionniste Jean-Pierre Drouet. En 1973, il initie le trio de saxophones S.O.S avec Mike Osborne et Alan Skidmore, auquel s’ajoute parfois Albert Mangelsdorff. Free-lance, il continue à travailler avec Mike Westbrook ou de s’initier à l’art du synthétiseur avec Dieter Feichtner.

En 1974 débute une collaboration de long terme avec la danseuse et chorégraphe Carolyn Carlson, alors en résidence avec sa compagnie à l'Opéra de Paris. Parallèlement, il joue et enregistre avec Miroslav Vitous, Stan Tracey et Karin Krog.

En 1979, son premier disque solo Upon Reflection marque le début d'une longue collaboration avec le prestigieux label ECM de Manfred Eicher. Il figure sur une cinquantaine d'albums, en tant que leader ou avec des artistes majeurs du label (Miroslav Vitous, Paul Bley, Gary Peacock, Jack DeJohnette, John Abercrombie, Marc Johnson, Peter Erskine, Anouar Brahem, Dave Holland, Terje Rypdal, etc.).

Pendant les année 80 et 90, John Surman développe plusieurs projets en duo avec Jack DeJohnette, Karin Krog, Barre Phillips, John Taylor, multiplie les collaborations avec des musiciens de premier plan comme Kenny Wheeler, Dave Holland, Elvin Jones, Jon Christensen et Albert Mangelsdorff, se produit avec Paul Bley, Bill Frisell et Paul Motian, et avec son propre quartet en compagnie de John Taylor, John Marshall et Chris Laurence.

Il tourne aussi régulièrement avec le big band de Gil Evans, et est associé à de nombreux événements avec l'orchestre, dont, à l'incitation de John McLaughlin et de Van Morrisson, le prestigieux concert de Sting à Pérouse.

Il se produit actuellement en solo, en duo avec Jack DeJohnette, l'organiste Howard Moody ou la chanteuse Karin Krog. Résidant désormais en Norvège, il y a initié un nouveau projet, le Walhalla Quartet, avec Erlend Slettevold, piano, Terje Gewelt, contrebasse et Tom Olstad, batterie.

Ses derniers albums, Saltash Bells, en solo (ECM, 2012), et Another Sky avec le Bergen Big Band (Grappa, 2015), ont été salués par la presse classique et jazz comme deux réalisations exemplaires d'un maître au sommet de son art.

John Surman a également composé une œuvre conséquente, qui, de la petite forme au big band en passant par des partitions pour orchestre symphonique ou grand chœur, continue de s'aventurer sur tous les territoires propices aux rencontres sans frontières. Il a ainsi développé de nombreux projets associant musiciens de jazz et ensembles classiques, dont Proverbs and Songs réalisé avec le chœur du Festival de Salisbury, ou Coruscating avec le quatuor à cordes de l’Académie de Saint-Martin-in-the-Fields. Il a reçu en 2013 le Prix de composition pour le jazz contemporain attribué par la British Composers Society.

Pour le cinéma, il a notamment écrit la musique des films de Raphaël Nadjari The Shade et Apartment 5c (ce dernier récemment édité en DVD par MK2 éditions). Et celle de Respiro d’Emanuele Crialese, Grand Prix de la Semaine de la Critique et Prix du Public au Festival de Cannes 2002.

Exploitant toutes les potentialités de ses instruments, John Surman utilise également les derniers acquis de l’électronique : re-recording, échos, phasing, sons synthétisés viennent accentuer son inclination pour la musique répétitive, les phrases en boucle, les arpèges. Il s'inspire aussi bien de la grande tradition du jazz et des musiques classiques européennes, de la veine mélodique du folklore britannique et des musique chorales ou des harmonies complexes des modes orientaux pour créer des climats méditatifs et intensément poétiques. La perfection classique de son jeu, sa maîtrise des nuances et son lyrisme contrastent avec de soudaines fulgurances héritées des hardiesses du free, et dessinent autant de paysages inattendus et prenants, à l'image de ce musicien décidément singulier.